DÉCORS
La compagnie Debass ("Pour toi est mieux » en Yacouba) est créée en 2015, à l’issue de la crise traversée par la Côte d’Ivoire ayant mis de nombreuses familles démunies à la rue.
À l'initiative de Tiémoko, institutrice à la retraite, passionnée de danse depuis son adolescence, elle rassemble de jeunes enfants abandonnés par leurs familles. Tandis que beaucoup d’entre eux rêvent de réussite rapide par le football, cette femme, convaincue que la danse peut être un levier d’élévation dans la société ivoirienne, les accueille chez elle, reprend en main leur scolarité et contribue à leur réinsertion.
Deux fois par semaine, chaque mercredi et samedi, au son des petits percussionnistes, les jeunes filles s’entrainent dans la cour commune du quartier, ou parfois dans une salle prêtée par l’école sous le regard du jeune répétiteur Alfred, neveu de Tiémoko... Une affaire de famille !
A l’occasion d’un mariage, le chorégraphe Jean-Paul Méhansio rencontre pour la première fois ces enfants dont l’énergie et la joie de vivre à travers la danse l’éblouissent. A l’invitation de Yalamissa Coulibaly, administrateur de la compagnie naissante, il devient alors son directeur artistique. Depuis lors, il accompagne ces enfants, et met son talent de chorégraphes au service de prestations qu’il propose en première partie de ses spectacles.
Au cours de sa résidence d’artistes à la Cocoteraie des arts, Manuel Braun est à son tour frappé par le talent et le charisme des petites danseuses de Abobo que lui présente Jean-Paul. Dans la lignée de la série Alexandrie en scènes qui avait marqué leur première collaboration, il entame une série de portraits de chacune d’elles.
Le procédé est toujours le même : sous l’oeil du chorégraphe, il leur propose chacune d’improviser une danse libre au sein de différents espaces emblématiques du quartier, dans l’environnement immédiat de leur maison, transformant ainsi Abobo en une salle de danse géante à ciel ouvert.
Tout l’enjeu de ces photographies est de sublimer ainsi ces jeunes talents, loin de toute image misérabilisme ou réductrice et de saisir le mouvement, l’élan vital de ces corps dans le décor urbain si emblématique de la ville d’Abidjan.