MONDOUKOU: IL ÉTAIT UNE COCOTERAIE (série en cours)
Jusqu’à une période récente, la Cocoteraie de Mondoukou était encore une terre quasi vierge, les habitations faites en feuilles de cocotiers, concentrées essentiellement dans le petit village en bordure de la mer.
Depuis quelques années, les silhouettes bien connues des arbres longilignes voisinent avec celles de murs de ciment de plus en plus hauts, abritant de vastes bâtisses ou des enchevêtrements d’étroits logements, ces constructions tous azimuts allant souvent de pair avec la destruction de ces cocotiers centenaires.
Sous une pression immobilière de plus en plus forte à Abidjan, les logements abordables se font rares et nombreux sont ceux qui décident de s’installer en dehors de la ville, sur la route de Grand Bassam, et désormais même au-delà. D’autres cherchent la bonne affaire : avec la spéculation foncière, le prix des terrains a déjà été multiplié par quatre en deux ans... Certains anticipent la métamorphose prochaine de la cocoteraie en cité balnéaire et installent, qui un élevage de volailles, l’autre une entreprise de cimenterie ou encore un hôtel sur la plage.
Cette transformation de la cocoteraie se fait à vitesse grand V, pour le meilleur et pour le pire. Plages de rêve jonchées de plastique, ouvriers s’activant sous des chaleurs écrasantes, ballets des camions transportant les matières premières, fils électriques anarchiques surgissent désormais à proximité des pirogues des pêcheurs ghanéens et des échoppes des vendeuses de poissons attieké.
Premier artiste accueilli en résidence à la cocoteraie des arts, en plein cœur de ce processus, le photographe Manuel Braun a pris son appareil au cours de ses promenades quotidiennes pour témoigner de ces changements perceptibles de jour en jour.